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Dans un contexte de réinterprétation du western, "Jusqu’au bout du monde" dépeint avec finesse le parcours d'une femme forte et indépendante évoluant dans un univers dominé par les hommes au cours du XIXe siècle.

L’Ouest américain, dans les années 1860. Après avoir fait la rencontre de Holger Olsen, immigré d’origine danoise, Vivienne Le Coudy, jeune femme résolument indépendante, accepte de le suivre dans le Nevada, pour vivre avec lui. Mais lorsque la guerre de Sécession éclate, Olsen décide de s’engager et Vivienne se retrouve seule. Elle doit désormais affronter Rudolph Schiller, le maire corrompu de la ville, et Alfred Jeffries, important propriétaire terrien. Il lui faut surtout résister aux avances plus qu’insistantes de Weston, le fils brutal et imprévisible d’Alfred. Quand Olsen rentre du front, Vivienne et lui ne sont plus les mêmes. Ils doivent réapprendre à se connaître pour s’accepter tels qu’ils sont devenus…


Une Réinterprétation Féministe et Romantique des Codes du Western par Viggo Mortensen


La mise en avant de la virilité est un élément essentiel du western, ce genre cinématographique qui se déroule dans l’Ouest américain et restitue les combats et les quêtes de justice lors la conquête des territoires contre les Indiens. Pour son deuxième long métrage, après Falling (2002), Viggo Mortensen garde les codes (en particulier l’époque et le décor) de ce pilier du cinéma hollywoodien, mais choisit de le transformer en une œuvre féministe, dotée d’un romantisme inhabituel et tonifiant.



Vivienne Le Coudy (Vicky Krieps), immigrée d’origine québecoise, vend des fleurs sur le marché. Alors qu’elle est courtisée par un jeune homme de bonne famille, tyrannique et sûr des pouvoirs que lui conférent sa naissance et sa fortune, elle croise le regard de Holger Olsen (Viggo Mortensen), un homme nonchalant et doux, dont l’intégrité morale contraste avec les autres personnages masculins. Il tombe immédiatement sous le charme de cette femme dont il apprécie l’indépendance d’esprit et la ténacité. Car une femme qu ose refuser de se plier aux conventions sociales et choisit de vivre avec un homme qui sait l’accepter telle qu’elle sans chercher à la modeler à son bon vouloir est un fait rare à l’époque. Ils s’installent alors dans une demeure isolée et quelque peu délaissée que Vivienne se plaît à agrémenter. Une vie simple qui aurait pu perdurer si Olsen, ancien soldat, ne se sentait dans l’obligation de s’engager dans l’armée lors de la guerre de Sécession.



Loin du bruit et de la fureur, au cœur des paysages arides à la beauté sauvage du Mexique, la caméra chemine tranquillement aux côtés de nos deux héros. Leur rencontre constitue le point d’orgue d’un romanesque gentiment suranné aussi naïf que séduisant qui déroutera sans doute les amateurs de western pur mais ravira tous les durs au cœur tendre. Sans esbroufe, avec une sincérité désarmante, notre homme orchestre (Viggo Mortensen est à la fois réalisateur, scénariste et acteur principal) opte pour une mise en scène sobre et s’éloigne de la linéarité inhérente au western. Navigant entre passé et présent, il s’intéresse au plus près au sort de ses personnages, tout particulièrement celui de Vivienne. Si ses combats ne se calquent pas exactement sur ceux des femmes d’aujourd’hui, Mortensen les oriente subtilement vers la violence banalement ordinaire d’hommes sûrs de leur pouvoir et de leur domination pour en faire une lutte intemporelle et universelle. De plus, l’interprétation de Vicky Krieps est plus que convaincante. Après avoir prouvé avec Corsage son talent à incarner une femme complexe, portée par une force intérieure capable de la faire se dresser contre les injonctions patriarcales, elle livre ici un jeu tout en nuances, habilement dosé entre vigueur et grâce. De quoi nous emmener jusqu’au bout de nos rêves !


Découvrez la bande annonce.

 
 

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